Inde : Alonso sur le podium

Dans une course logique où les pneus ont tenu plus que de raison, Sebastian Vettel a signé sa 4ème victoire d'affilée, son 5ème succès de l'année, devant Fernando Alonso et Mark Webber, victime de problèmes de KERS. L'écart entre les deux doubles Champions du Monde monte à 13 points alors qu'il reste 3 courses à disputer. Kimi Räikkönen, 7ème, est relégué à 67 longueurs et est quasiment hors-course pour le titre.

Comme plus tôt dans le week-end, le temps est clément, malgré la brume indienne déjà vue l'année dernière lors de la première visite du Formula One Circus. Le mercure est quant à lui toujours aussi haut, 30°C dans l'air et 36°C sur la piste.

Du côté de la stratégie, les débats semblent se partager entre un ou deux arrêts. Les écuries devront quoi qu'il en soit faire fonctionner correctement les pneus Durs et Tendres mis à disposition par Pirelli. Et au sortir de la grille pour le tour de chauffe, seuls Grosjean, Kobayashi, Schumacher et Ricciardo sont en pneus Durs. Lewis Hamilton se plaint de la qualité de la transmission radio entre sa voiture et le stand McLaren, l'écurie anglaise pourrait donc s'en résoudre au seul panneautage.

Au départ, les Red Bull sont de front mais Mark Webber, à l'intérieur, laisse à Vettel le soin de mener après le premier virage. Juste derrière, les McLaren se battent tout le long du premier secteur, mais sont dépassées d'un coup par la Ferrari de Fernando Alonso, qui crée une situation à trois de front dans la longue ligne droite ! Mais au freinage du virage 4, les monoplaces chromées repassent devant l'Espagnol, qui parvient tout de même à se glisser devant Lewis Hamilton dans la ligne droite suivante. Parmi les victimes du premier tour, Jean-Eric Vergne doit rentrer pour changer d'aileron avant après avoir percuté Michael Schumacher au départ. L'Allemand souffre d'une crevaison d'un pneu arrière et rentre pour passer un nouveau train de Pirelli.

Dans le 4ème tour, Fernando Alonso met à contribution une 7ème vitesse plus longue que celle de Jenson Button pour le dépasser, DRS ouvert, dans la ligne droite opposée, et passer 3ème. À la fin de cette boucle, l'Espagnol est déjà relégué à 6 secondes de Sebastian Vettel, qui devance Mark Webber de 2,2 secondes. Derrière Alonso, Button et Hamilton, Massa est 6ème, Räikkönen est resté 7ème et précède Pérez, Hülkenberg et Rosberg. En ce début de course, Jenson Button est une proie de choix, il est dépassé dans la ligne droite opposée par son coéquipier Lewis Hamilton, qui se hisse donc à la 4ème position.

Après 10 tours, les écarts continuent à se creuser. Sebastian Vettel est toujours en tête, devant Webber (+3.0), Alonso (+7.4), Hamilton (+11.0), Button (+13.2), Massa (+14.0), Räikkönen (+14.7), Pérez (+18.1), Hülkenberg (+19.4) et Rosberg (+23.7). Le pilote Force India est en position d'attaquer le Mexicain pour la 8ème place dans le 13ème tour, mais sa tentative échoue. En revanche, une boucle plus tard, il peut mettre à profit son DRS pour passer dans la longue ligne droite opposée avant même le freinage. De manière surprenante, le futur pilote McLaren est le premier dans les stands à la fin de ce même 15ème tour, pour un changement de pneus.

Les spectateurs retiennent leur souffle quand Romain Grosjean attaque Pastor Maldonado pour la 11ème position, là encore dans la ligne droite menant au virage 4, mais aucun contact n'est à déplorer. Bruno Senna, observateur privilégié de cette bataille, en profite également pour dépasser son coéquipier.

Curieusement, certains pilotes réussissent à améliorer leurs temps au tour, et/ou à signer de meilleurs partiels : l'usure des pneus Pirelli n'est donc pas très significative sur le circuit de Buddh. Ainsi Sebastian Vettel signe-t-il le meilleur tour en course dans le 19ème tour en 1:31.109. Entre-temps, la Sauber de Sergio Pérez est victime d'un incident similaire au début de course de Michael Schumacher : l'aileron avant d'une Toro Rosso – cette fois-ci celle de Daniel Ricciardo – découpe un de ses pneus arrière. Le Mexicain doit donc rentrer au ralenti dans les stands, pour effectuer ce qui devrait être son dernier arrêt, et monte les pneus Durs. Mais le pilote Sauber renonce dans le tour suivant, sa Sauber étant vraisemblablement trop endommagée.

Après 20 tours, le classement est quasiment inchangé puisque seul Sergio Pérez a disparu du top 10. Les écarts sont en revanche davantage importants : Webber est à 5,2 secondes, Alonso à 9,2 secondes, Hamilton à 19,8 secondes et Button à 22,7 secondes. Romain Grosjean passe 9ème en dépassant Nico Rosberg entre les virages 3 et 4, mais cela à plus de 40 secondes de la tête de la course. Le Franco-Suisse est en stratégie décalée et pourrait donc continuer sa remontée une fois qu'il aura passé les pneus Tendres après la mi-course. Pendant ce temps, Fernando Alonso revient progressivement sur Mark Webber : de 4 secondes au 20ème tour, l'écart s'est réduit à 1,9 seconde après le 24ème.

Jenson Button est donc le premier à effectuer son unique arrêt après 26 tours de course, et il devrait être rapidement suivi par ses congénères. Sebastian Vettel, pour sa part, ne semble pas prêt à rentrer : ses pneus sont assez frais pour qu'il signe à nouveau le meilleur tour en course, le dernier en date en 1:30.466. Il faut attendre le 27ème tour pour voir Kimi Räikkönen s'engouffrer dans la voie des stands, suivi par Rosberg, Maldonado, Senna et Ricciardo. En sortant, le Vénézuélien manque de percuter Kamui Kobayashi, arrivé lancé, et qui le dépasse donc. Bruno Senna, quant à lui, est passé près de la correctionnelle à l'entrée des stands, en perdant quasiment sa Williams en allant à l'extérieur dans la voie de décélération.

Massa s'arrête au tour suivant, et ressort juste derrière Kimi Räikkönen, mais avec le DRS et la vitesse de pointe naturelle de la Ferrari ce week-end, le Brésilien repasse son ex-coéquipier dans la ligne droite. Alonso est le suivant dans les stands à la fin du 29ème tour. Webber, pour se défendre, rentre un tour plus tard. L'Australien repart devant l'Espagnol, mais l'écart est réduit et le pilote Ferrari est en mesure d'utiliser son DRS. Dans le même temps, la lutte entre Maldonado et Kobayashi continue, et un léger contact avant le virage 5 provoque une situation déjà vue à deux reprises pendant cette course : le Vénézuélien est victime d'une crevaison à l'arrière. L'incident est mis quelques tours plus tard sous investigation des commissaires, qui ne débouchera finalement sur aucune pénalité.

Hamilton s'arrête après 32 tours de course et change de volant, peut-être pour corriger ses soucis de radio, il repart seul en piste à la 4ème place, et vus les écarts, sa fin de course risque de se limiter à ramener la voiture à bon port. Sebastian Vettel marque son arrêt un tour plus tard et l'arrêt est même le plus rapide, en 2,6 secondes. La lutte pour la deuxième place continue, mais le natif d'Oviedo ne parvient pas à passer. Plus loin, Felipe Massa est en surconsommation d'essence et doit s'employer pour conserver du carburant tout en contenant Kimi Räikkönen, qui a passé la majeure partie de la course dans la boîte de vitesses du Brésilien.

Romain Grosjean, pas encore rentré dans les stands, se bat avec Jenson Button, mais parvient lui aussi à le contenir et à rester – temporairement – 5ème. Le Franco-Suisse rentre après 36 tours, il rejoint la piste en 9ème position, et aura l'avantage des pneus Tendres pour les 24 dernières boucles alors que Michael Schumacher est mis sous investigation pour non respect des drapeaux bleus, une investigation qui sera conduite après la course. Le plus rapide en piste est Lewis Hamilton : le Champion du Monde 2008 signe le meilleur tour en course en 1:29.639, et revient petit à petit sur Webber et Alonso, toujours en lutte, mais avec un écart repassé au-delà de la seconde. Mais l'Anglais s'inquiète à la radio de la dégradation de ses pneumatiques.

Après 40 tours, le classement est le suivant : Vettel, Webber (+11.1), Alonso (+12.8), Hamilton (+19.3), Button (+29.9), Massa (+36.9), Räikkönen (+37.7), Hülkenberg (+44.8), Grosjean (+47.4) et Rosberg (+1:06.2). Plus loin, on peut noter la 18ème place de Charles Pic, qui devance Timo Glock de 20 secondes.

L'écart entre Webber et Alonso continue de remonter, et atteint 2,3 secondes après le 43ème tour. « Ce sont de bons tours, Mark » indique d'ailleurs Ciaron Pilbeam, l'ingénieur de l'Australien, à son poulain. Mais le pilote Ferrari réagit dans la boucle suivante en signant son meilleur tour en course personnel, et pour cause, Mark Webber indique à la radio que son KERS ne fonctionne plus, mais on lui indique qu'il devrait revenir. Pedro de la Rosa sort en fin de la ligne droite opposée, victime d'après ses propres mots d'une défaillance de ses freins. Le drapeau jaune est déployé et le DRS désactivé dans cette portion du circuit.

Pendant ce temps, l'écart entre Webber et Alonso est retombé autour de la seconde. Dans le 48ème tour, Fernando Alonso peut ouvrir son DRS et passer à l'extérieur avant le freinage. Il gagne ainsi 3 précieux points dans sa lutte pour le championnat contre Sebastian Vettel, toujours en tête dans l'indifférence, si ce n'est générale, du réalisateur de la FOM. Si les positions restaient en l'état, l'écart serait de 13 points entre les deux doubles Champions du Monde. En tout cas, l'Espagnol signe le meilleur tour en course en 1:29.236. Mais l'écart est de 11,3 secondes à 11 tours du but, et Vettel n'est probablement pas au maximum de ses capacités.

Derrière, Lewis Hamilton est revenu à 3 secondes de Mark Webber, dont les problèmes de KERS semblent se confirmer. Plus loin encore, Rosberg et Senna sont roues dans roues pour le dernier point disponible. Le Brésilien passe dans le 51ème tour grâce au DRS. Lewis Hamilton revient quand à lui à 2,1 secondes de Mark Webber, en signant le meilleur tour en course en 1:29.352, mais Jenson Button, isolé à la 5ème place, est encore plus rapide en 1:28.889.

Mais à 7 tours du but, les visages se tendent dans le camp Red Bull sur le muret des stands et le pied gauche de Christian Horner commence à vibrer : le « splitter » de Sebastian Vettel (la partie avant du fond plat) semble endommagé et frotte fortement, à en générer des étincelles, en bout de ligne droite. Andrea Stella demande donc par radio à Fernando Alonso de mettre la pression sur son adversaire en adoptant un rythme élevé. Malgré tout, à 5 tours de la fin, l'écart est de 9,8 secondes entre les deux pilotes. Et l'Espagnol attaque trop fort : il commet deux erreurs coup sur coup, qui ramènent l'écart autour des 11 secondes.

En revanche, la lutte pour la dernière marche du podium se précise entre Mark Webber et Lewis Hamilton, l'écart n'étant plus que d'1,2 seconde à trois tours de la fin, et d'1,0 à deux tours du but. Mais l'Anglais prend large dans le virage 3, et échoue de très peu derrière l'Australien en fin de ligne droite. La troisième place se joue donc dans le dernier tour, mais le Champion du Monde 2008 est trop loin pour tenter quoi que ce soit à la fin de la ligne droite.

Sebastian Vettel signe donc logiquement sa 4ème victoire d'affilée, devant son principal rival Fernando Alonso, et son coéquipier Mark Webber. L'écart au championnat entre les deux pilotes grimpe donc à 13 points à trois courses du but. Kimi Räikkönen, qui a passé toute la course à la 7ème place dans les échappements de Felipe Massa, est relégué à 67 points et est quasiment éliminé de la course au titre.